L'affaire Vincent Lambert: Le Juge, Le Medecin Et La Loi

AuthorAlexandra Gouin
PositionLLM Candidate at Sciences Po, Paris
Pages224-238
© Alexandra Gouin and Dublin University Law Society
LAFFAIRE VINCENT LAMBERT: LE JUGE,
LE MEDECIN ET LA LOI
ALEXANDRA GOUIN
Le Conseil d’Etat a eu cette année à se prononcer sur la délicate question
juridique et éthique de savoir si l’alimentation et l’hydratation artificielles
prodiguées à Vincent Lambert, traplégique en état de conscience minimale
ou état pauci-relationnel
1
depuis un accident de voiture en 2008, relevaient
de l’obstination déraisonnable
2
prévue par la loi 2005-370 du 22 avril
2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie, dite loi Leonetti, et
pouvaient à ce titre être arrêtées.
Le rapporteur public Rémi Keller pressentait le caractère inédit
et singulier de cette affaire :
Ce qui rend en l’espèce l’intervention du juge plus voyante et qui de
ce fait l’expose plus à la critique - c’est qu’elle intervient avant l’acte
médical, alors qu’habituellement le juge intervient a posteriori. Mais
cela ne justifie pas que le juge s’abstienne, bien au contraire. Car il peut
arriver au médecin de commettre des erreurs, comme cela arrive aussi
au juge ; mais en decine il n’existe aucune procédure d’appel ou de
cassation qui puisse effacer l’acte accompli.
3
Les arrêts du Conseil d’Etat du 14 février 2014 et du 24 juin 2014 ont eu
une portée retentissante, à la fois dans le milieu juridique, médical et
politique. Ce qui est devenu « l’affaire Vincent Lambert » n’est pourtant pas
encore terminé. En effet, les parents de Vincent Lambert, un demi-frère et
une de ses urs, s’opposent à la décision du Docteur Kariger, chef du
service des soins palliatifs au Centre Hospitalier Universitaire de Reims
est hospitalisé leur fils, d’arrêter le traitement. Ils s’opposent ainsi à la
LLM Candidate at Sciences Po, Paris. The author would like to thank Mr Jérôme Michel for
his helpful comments. All errors and omissions remain her own
1
Définition du Coma Science Group : « La personne en état pauci-relationnel, présente des
réactions comportementales minimales mais précises, lesquelles semblent témoigner de la
conscience que le patient a de lui-même ou de l'environnement ». L’état pauci-relationnel est
donc à distinguer du coma ou état végétatif.
2
Aussi appelée « acharnement thérapeutique ».
3
Rémi Keller, Rapporteur public, Conclusions, 14 février 2014, à 11.

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