L'interprétation Évolutive De La Convention Européenne Des Droits De L'homme: La Cour De Strasbourg Comme Chercheuse Des Valeurs Communs

AuthorFrancisco Hernández Fernández
PositionCandidat au Master en Droit International de l'Institut de Hautes Études Internationales et du Développement à Genève; LL M en Droit et Contentieux de l'UE, Université du Luxembourg
Pages79-93
(2022) 21 COLR 79
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L’INTERPRÉTATION ÉVOLUTIVE DE LA CONVENTION EUROPÉENNE DES
DROITS DE L’HOMME: LA COUR DE STRASBOURG COMME CHERCHEUSE
DES VALEURS COMMUNS
Francisco Hernández Fernández*
A INTRODUCTION
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a développé au fil des années un critère
d’interprétation évolutive qui permet d’appliquer la Convention de sauvegarde des droits de
l’homme et libertés fondamentales (la Convention) soit à des situations non prévues
expressément dans le traité soit de moderniser le sens de ses articles, malgré le fait que la
Convention de Vienne sur le droit des traités de 1969 (CVDT) ne prévoie pas de manière
expresse un tel critère d’interprétation. Selon la CEDH ‘la Convention est un instrument vivant
à interpréter à la lumière des conditions de vie actuelles’.
1
Cette interprétation pousse
irrémédiablement à actualiser le contenu de la Convention au-delà de la conception qu’en
avaient ses rédacteurs en 1950.
Toutefois, la volonté de la CEDH de mettre à jour la Convention peut être à l’encontre de toute
limite inhérente aux traités internationaux. Après tout, la Convention de Rome de 1950 qui a
configuré la CEDH est le résultat de la volonté exprimée par chacun des États parties au
moment de la ratification de la Convention. Par conséquent, il faudra considérer d’une part
l’intérêt de la Cour de garder l’esprit de la Convention en adaptant à des situations nouvelles
logiquement non prévues à l’époque de la négociation et d’une autre part l’intérêt des États à
ne pas voir leur consentement volontaire remplacé par celui des juges qui siègent à la Cour de
Strasbourg.
L’objectif de cet article est d’analyser le concept d’interprétation évolutive selon la Cour de
Strasbourg et de savoir s’il y a dans sa jurisprudence des limites à ce type d’interprétation. La
structure de cet article est divisée en deux sections. Premièrement, on va aborder la question
de l’interprétation évolutive dans le droit international. Il ne semble pas que la CVDT donne
aux tribunaux internationaux une grande marge de manœuvre pour l’interprétation des traités.
Deuxièmement, on analysera comment la CEDH a interprété la Convention de manière
* Candidat au Master en Droit International de l’Institut de Hautes Études Internationales et du Développement à
Genève; LL M en Droit et Contentieux de l’UE, Université du Luxembourg.
1
Affaire Tyrer c Royaume-Uni Requête no 5856/72 (CtEDH, 25 avril 1978) [31].

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